Eric de Chassey - 2012
Claire Chevrier
Les images de Claire Chevrier reposent toutes sur la recherche d’une bonne distance. Une bonne distance entre la photographe et son sujet, qui induit une bonne distance entre la photographie et ses spectateurs. « Bonne » ne s’entend pas ici comme un terme de morale, il a plutôt à voir avec la question de l’efficacité : efficacité esthétique car cette pratique de la photographie appartient pleinement au régime de l’art, efficacité informationnelle car elle documente une situation concrète. Pour les images de grands formats (notamment réalisées lorsque l’artiste était pensionnaire à la Villa Médicis, en 2007-2008), le regard circule à la surface, conduit par les méandres d’un élément structurant (tuyau, câble, chemin) et relancé par des scansions de détails significatifs. Pour les images de petit format, c’est un regard de profil qui est proposé : dans celles qui montrent des personnes à leur poste de travail, il est conduit de l’outil au visage en passant par la main et l’épaule, la tâche elle-même étant moins visible que la concentration. La différence entre ces deux formats réside plus dans les regards qu’ils convoquent que dans leurs sujets. Qu’elle donne à voir des paysages transformés par l’activité humaine ou des situations de travail plus concentrées, Claire Chevrier adopte toujours une bonne distance, autant vis-à-vis de ses sujets que de ses spectateurs potentiels. Celle du respect attentif et précis, trouvée dans le moment-même de l’exercice du regard et de la rencontre plutôt qu’imposée a priori.
Éric de Chassey